À la Frontière de l’espoir lorsque l’âme s’efface
Ces moments où l’on se réveille sans que la lumière ne perce plus le cœur.
Ces moments, malgré la clarté du soleil, une ombre profonde semble planer sur l’âme.
Ces moments où un sentiment étrange prend place, celui du trou noir.
Un vide qui engloutit tout, une obscurité qui ne se contente pas d’être autour, mais qui s’infiltre en nous, jusqu’au plus profond de notre être. On ne sait jamais vraiment quand il apparaît, mais lorsqu’il est là, il devient impossible à ignorer.
Ces moments où, bien que tout semblait en ordre autour de moi, rien ne faisait écho à l’intérieur. Les rires des autres sonnaient faux, leurs sourires me paraissaient si lointains. La vie continuait, elle avançait sans moi. Je regardais tout passer devant mes yeux comme un spectateur impuissant. C’était comme si le monde avait accéléré, laissant mon cœur immobile, prisonnier d’un espace sans lumière ni chaleur.
Le trou noir, c’est cette sensation d’être aspiré par quelque chose de bien plus grand que soi. Ce n’est pas juste une journée difficile ou un instant de doute, c’est bien plus que cela. C’est l’impression de flotter dans un espace où tout a perdu son sens. Chaque pas semble inutile, chaque effort vain. Le vide devient omniprésent, et l’obscurité, étouffante.
Il m’arrive de m’interroger : comment en sommes-nous arrivés là ? Comment, au milieu de ce tumulte de la vie, peut-on se sentir aussi détaché, aussi déconnecté de tout ? Comme si le monde entier s’effaçait, ne laissant derrière lui que ce néant oppressant. Le pire, c’est qu’il n’y a pas de réponse simple à cette question. Le trou noir ne prévient pas. Il ne frappe pas à la porte, il ne se manifeste pas bruyamment. Il s’installe, doucement, insidieusement, jusqu’à ce que l’on ne puisse plus respirer sans sentir son poids.
Je pourrais dire que c’est la douleur physique qui m’a conduit à ce point. Que les limites de mon corps, les obstacles que la vie m’a imposés, m’ont peu à peu entraînés dans cette spirale. Mais la vérité est plus complexe. Oui, il y a des souffrances qui sont visibles, tangibles. Il y a ces journées où mon corps refuse de suivre, où chaque mouvement devient une bataille. Mais il y a aussi ces jours, bien plus nombreux, où la douleur est invisible. Elle est là, tapie dans l’ombre, à l’intérieur, comme un poison qui se diffuse lentement.
Le trou noir, c’est ce silence intérieur, ce vide qui aspire toute pensée, toute émotion. C’est cette incapacité à ressentir quoi que ce soit, si ce n’est l’absence. L’absence de joie, de but, de raison d’être. Comme si chaque couleur avait été effacée du monde, ne laissant derrière elle qu’une grisaille infinie. Même les souvenirs heureux semblent lointains, flous, comme des mirages inaccessibles. Ils existent quelque part, mais ils sont hors de portée, emprisonnés derrière cette barrière d’ombre.
Il eut des jours où je me disais que c’était temporaire. Que ce trou noir finira par s’estomper, que la lumière reviendra, d’une manière ou d’une autre. Mais il eut aussi ces jours, bien plus sombres, où l’espoir s’éteint complètement. Où l’on se demande si l’on reverra un jour cette lumière, ou si l’obscurité est notre nouvelle réalité.
Dans ces moments-là, je cherche des repères, des points d’ancrage. Mais ils sont difficiles à trouver. Les mots, ceux qui me permettent d’habitude de m’évader, me semblent vides. Les phrases que je tisse n’ont plus la même force, elles ne résonnent plus en moi. C’est comme si, en plus d’avoir perdu la lumière, j’avais perdu ma voix, ma capacité à traduire ce que je ressens.
Méditer, chanter, écrire…, pourtant, ont toujours été mon refuge. Ces instants, c’est là que je puise la force, même dans les moments les plus sombres. Mais face à ce trou noir, même eux semblent dérisoires. Chaque tentative d’expression se heurte à ce mur invisible, cette barrière impénétrable qui sépare le monde de mes pensées. Comment expliquer ce vide, comment mettre des mots sur une sensation aussi abstraite et pourtant si réelle ?
Et pourtant, malgré tout, j’ai continué. Parce qu’il y a une partie de moi, infime mais présente, qui refuse de céder à l’obscurité. Cette partie, c’est celle qui croit encore à la lumière, même si elle semble si loin. C’est celle qui, au milieu du désespoir, se souvient qu’il y a eu des jours meilleurs, qu’il y a eu des moments où la vie avait un sens. Ce ne sont que des fragments, des éclats de mémoire, mais ils sont là, ils persistent, et ils me rappellent que le trou noir n’est peut-être pas une fin en soi.
C’était difficile à admettre, mais peut-être que cet espace de vide avait aussi quelque chose à m’apprendre. Peut-être qu’en affrontant cette obscurité, je découvrais des facettes de moi-même que je n’aurais jamais vues autrement. Peut-être que ce silence, aussi pesant soit-il, avait une forme de message caché. Mais ce n’était pas une révélation immédiate, ni même une consolation. C’était un chemin douloureux, où chaque avancée semblait minime, presque dérisoire.
Il y avait des jours où je voulais crier, où je voulais briser cette barrière d’ombre. Mais il n’y avait personne pour entendre. Alors, je me tournais vers l’intérieur, vers ces pensées que je gardais pour moi, vers ces sentiments que je n’osais partager. Parce que, finalement, qui pourrait vraiment comprendre ce trou noir, si ce n’était quelqu’un qui l’avait vécu lui-même ?
Il était difficile de trouver les bons mots, ceux qui résonnaient, ceux qui disaient la vérité sans la masquer. Parce que cette vérité, c’est que parfois, on se perd. On se perd dans soi-même, dans ses propres pensées, et le chemin pour en sortir semblait interminable. Mais il existait, ce chemin. Il était sinueux, il était semé d’embûches, mais il était là, quelque part.
Le trou noir n’est pas éternel. Il est puissant, certes, il est écrasant, mais il n’a pas le dernier mot. C’est ça, la leçon àen tirer, avec le recul. Que même dans les moments où tout semble perdu, où la lumière a disparu, il reste toujours une étincelle, aussi infime soit-elle. Une étincelle que l’on doit protéger, garder en vie, parce qu’elle est notre seul fil conducteur.
Un jour à la fois, un mot à la fois, se battre pour retrouver cette lumière, pour la ramener . Parce que, malgré tout, la lumière existe. Elle est là, quelque part, même si on ne la voit pas encore.
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