Vie et Carrière

6 ans : Renaître une troisième fois

On n’a pas le choix, tu y passeras encore.

Après une pile d’analyses, je finis par entendre le verdict du médecin, cette phrase tant redoutée qui est tombée comme un coup de massue. C’était maintenant officiel ! Je passerai sur le billard encore une fois dans quelques semaines.

Au fond, je pense que je m’y attendais un peu vu l’état dans lequel j’étais, mais pas si vite. Je ne pouvais m’empêcher de garder néanmoins une once d’espoir. Ne sait-on jamais, ça pouvait être résolu autrement mais ce ne fut pas le cas. La machine est lancée et voilà qu’une longue série d’analyses allait débuter.

Avant l’opération

Tout ira bien ! Cette phrase fut mon leitmotiv quotidien, jusqu’à ma sortie. Du calme, Tout ira bien ! Je me suis répétée cette phrase mainte fois, telle une machine programmée.

À cet instant, je fis la connaissance de mes voisines de chambre qui furent toutes sympathiques. Certaines avaient déjà sauté le pas et d’autres non (2 autres dames et moi). Je vis qu’elles essayaient de me rassurer à travers leurs regards. Mais je me dis intérieurement encore une fois, Tout ira bien !

Deux jours que je suis installée dans le centre. Les jours passent si vite, qu’il reste 48h avant la phase décisive. Un autre contrôle (ça ne finit presque jamais), checking avec l’anesthésiste pour s’assurer que tout est OK. J’étais épuisée par tout ceci, mais fallait passer par là. Je voulais juste en finir et retourner à ma vie d’antan. Mais, Tout ira bien !

04h du matin, que j’avais déjà ouvert les yeux avant le réveil général, ce jour du 18 février. Ça y est ! Nous y étions. Je savais depuis plus de deux mois que ce jour viendrait, mais je n’arrivais pas à visualiser comment les choses allaient se dérouler. Je me demandais si cela serait pareil à celui d’il y a 12 ans. Ressentirai-je les mêmes douleurs ? Combien de temps ça me prendrait ? Ressentirai-je encore une fois la solitude ? Celle d’être seule, éloigner de ceux qui te tiennent quand ça va mal, affronter cette lourde épreuve sans réconfort d’un visage familier ? Aurais-je assez de force pour supporter ce poids ?

Pleins de questions qui eurent à défiler dans mon esprit dès l’annonce du médecin jusqu’à ce jour tant redouté. Je me répétais sans cesse “tout ira bien”, mais je ne pouvais éviter le stress, la peur malgré la bonne mine que j’affichais.

Il est 07h du matin que la douche était déjà prise depuis plus d’une heure.

De mon lit, je pouvais voir les médecins peu à peu arriver et se diriger vers leur salle dédiée. En s’y rendant, ils marquaient une petite pause devant chaque chambre pour un petit coucou. Ils affichaient une bonne humeur, chose qui ne m’empêchait pas d’avoir le cœur qui battait à un rythme irrégulier.

En attendant l’heure précise, pour passer le stress, avec ma voisine de chambre (droite) nous n’avons manqué de poser dans nos « tenues de soirée » pour la circonstance. On avait même presque oublié ce qui nous attendait ce jour. Mdrr !

On s’imaginait déjà dans notre vie future. On ferait ci et ça, disions-nous.

10h, que survint l’un des infirmiers du bloc.

Ça va ? m’avait-il dit

Sous perfusion avant le départ au bloc

Oui ça va (avec un large sourire en plus, comme si je pouvais cacher le stress)

Tout ira bien, répond-il. Mais avant, mettez cette tenue !

Et voilà que les choses très sérieuses vont débuter.

Il me tendit le reste de l’arsenal qui accompagne la tenue. Quand j’eus fini, il m’annonce quelque chose auquel je ne m’y attendais pas.

– On t’installera une perfusion avant de rentrer au bloc maintenant.

Mais pourquoi ? Vous avez dit que tout allait bien non. En plus pourquoi moi ? Ma voisine n’a pas eu à avoir une perfusion avant de rentrer.

Oui c’est vrai, c’est juste un remontant, tes analyses montrent que tu es assez un faibleHein ?! (Toi Lydie, rien de normale se fait avec toi, je me disais intérieurement)

J’ai tout d’un coup eu à la fois froid et chaud. Je sentais ma tension baisser quelques instants. Puis je pris mon calme tout doucement et on m’installe la perf. À ce moment couché sur mon lit, les yeux sur le brasseur, je monologuais, ça y est ma petite, dans quelques heures ta vie changera à tout jamais. Tu sortiras de cette salle changée.

Plus tard, ma voisine revint sur le brancard, cette fois-ci escortée par une équipe bien plus importante. A la vue de ce monde, et ma douce mum (comme j’aime bien l’appeler) couchée toute endormie, mon cœur s’est accéléré. L’équipe l’installa sur son lit avec une telle délicatesse, puis s’assurait que tout allait comme prévu. Par la suite j’entendis, MONTEIRO, il est l’heure !

J’ai même crié, Ah bon ? Déjàà ? L’un d’entre eux avait souri. Bah Seigneur, mon heure de vérité a sonné. Plus possibilité de rebrousser chemin. On m’aidait à monter sur le brancard et direction le bloc opératoire. 13H il était !

Arrivés dans la salle, quelques souvenirs de mon premier passage sur cette table spéciale me revenaient en flash.

La salle était froide et il régnait un calme presque effroyable. On ne pouvait entendre que le bruit des machines.

On m’installe sur le billard, branche toutes sortes de files sur la poitrine et mes bras.

J’avais une seule envie en ce moment, descendre et courir, courir très très loin de là, mais bon je me faisais des scènes dignes d’un box-office dans ma tête, heureusement que c’était que dans ma tête sinon ça aurait tourné en un vrai chaos. D’ailleurs si je pouvais courir est ce que je me serais retrouvée dans ce lieu.

Je grelotais et fixais les lumières au-dessus de moi tout en priant. L’une des infirmières conversait avec moi pendant qu’on m’injectait l’anesthésie.

Après l’injection, je me souviens seulement d’une question que l’anesthésiste m’avait posée.

– Alors la nouvelle bachelière, que comptes-tu faire maintenant comme étude ?

Je vous assure que je ne me souviens plus si j’avais fait une phrase complète après le « JE ».

A ce stade, le ‘Bal’ pouvait débuter !

22h je repris conscience peu à peu. J’étais déjà dans mon lit. La gorge toute sèche et presque pas de force pour lever le doigt tellement lourd. Mais une chose, je sentais mes jambes engourdies. Ce n’est qu’à 03h du matin que je pris totalement conscience et là je vous assure que j’ai eu MAL, MAL au point je regrettais d’exister, de vivre ça. Mon Dieu que j’eus MAL.

J’avais l’impression qu’un tracteur, un train, un char et pleins d’autres engins étaient passés sur mes jambes. Involontairement mes larmes roulaient jusque dans l’oreiller, qui fut transformé en aspirateur de larmes. Les infirmières qui ne pouvaient pas faire grand-chose à par me dire YAKO, car les médicaments, j’en avais pris assez à travers la perf, en plus je ne pouvais pas prendre certains médicaments (consigne des Dr) de peur de déclencher une crise d’ulcère (Aahh je ne suis pas simple). Alors je devais supporter, supporter chaque minute, chaque étirement et battement ressentis jusqu’au matin en appelant tous les saints, le temps de recevoir d’autres doses. J’ai eu MAL !

Après la dose du matin, j’eus juste la force nécessaire pour envoyer un texto à mon frère en lui disant que c’était terminé, afin qu’il transmette le message à maman et aux autres membres de la famille. À peine j’eus fini, et rebelote, mon amie du moment, madame la douleur était de retour, c’était reparti pour un tour de larmes. J’eus affreusement MAL !

Des médicaments ? J’en ai eu sous presque toutes les formes. Comprimés, Injections etc… j’avais mal, mais je redoutais l’instant des injections (elles étaient faites en sous cutanée au niveau du ventre). J’ai DETESTÉ ces moments…

Une semaine après, j’ai pu enfin me rappeler ce qu’on appelle ‘sourire’.

Des moments comme ceux-ci ne peuvent en aucun cas être oubliés. Ces moments feront partie de moi à jamais. De tels moments m’ont forgé !

Cette période fut pour moi une autre naissance. Une autre chance que donnée, pour avancer encore plus loin, un autre chapitre de ma vie que je débutais.

18 Février 2015 – 18 février 2021, déjà 6 ans que je me souviens dans les moindres détails, l’expérience vécue une seconde fois…

Joyeux 6ans, Joyeuse renaissance mes trésors…

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